Le 18 mars, les résultats de CurieuzenAir seront annoncés : ce jour-là, vous découvrirez sur la carte à points l’état de la qualité de l’air à Bruxelles et la couleur du point de mesure dans votre rue. Un point bleu, c’est bien, mais qu’est-ce que cela signifie si vous vivez près d’un point rouge ? Avec les informations de base nécessaires, vous pouvez interpréter correctement les résultats sur la carte.
Que devez-vous savoir sur la qualité de l’air ?
Informations importantes sur le contexte de l’étude
Le NO2 est nocif pour l’environnement : il contribue à la formation d’ozone et à l’acidification des océans. Cette substance a également un effet négatif sur notre santé : l’exposition à de grandes quantités de NO2 peut provoquer une irritation des yeux, du nez, de la gorge et des poumons, et à long terme, elle peut altérer la fonction pulmonaire.
Quand parle-t-on de pollution atmosphérique nocive ?
Afin de limiter les effets de la pollution atmosphérique sur notre santé, l’Union européenne a fixé une valeur limite maximale pour chaque polluant. Si ces valeurs limites sont dépassées, la mauvaise qualité de l’air risque d’avoir un effet grave sur notre santé. Les États membres européens doivent donc veiller à ce que les résidents ne soient pas exposés à des quantités supérieures à cette valeur limite maximale. Pour le NO2, cette valeur limite est de 40 µg/m³ depuis 2010. Pour cette raison, cette limite est également clairement indiquée sur votre affiche de résultats.
Cependant, la recherche ne cesse de progresser. Des études récentes sur les effets de l’exposition au NO2 permettent de mieux comprendre les effets sur notre santé. Ces études montrent que le NO2 affecte notre santé même à de faibles concentrations. L’Organisation mondiale de la santé a publié un nouveau rapport en septembre 2021, dans lequel un abaissement de la valeur limite est proposé. L’Organisation mondiale de la santé recommande d’abaisser la valeur limite à court terme de 40 µg/m³ à 30 µg/m³. Plus tard, elle sera abaissée à 20 µg/m³ et même, à terme, à 10 µg/m³. Consultez le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé ici (en anglais).
Pour suivre l’évolution de la qualité de l’air, la Région de Bruxelles-Capitale mesure la qualité de l’air tout au long de l’année à l’aide de 13 stations de mesure. Divers polluants sont mesurés dans ces stations, notamment l’ozone, les particules, le dioxyde de soufre et le carbone noir. Le dioxyde d’azote (NO2), la substance que nous cartographions avec CurieuzenAir, est également mesuré en continu dans 10 de ces 13 stations.
Les 10 dernières années
Grâce à ces mesures continues, nous savons que l’émission de polluants à Bruxelles a diminué ces dernières années et que la qualité de l’air s’est considérablement améliorée. Entre 2000 et 2019, une nette diminution du NO2.dans l’air extérieur a été mesurée dans toutes les stations de mesure. Par exemple, pendant cette période, la concentration de NO2 le long d’une route très fréquentée de Sint-Jans-Molenbeek a diminué de près de 20 %. Dans le Wilderbos de Sint-Agatha-Berchem, le NO2 a diminué de près de 40 %. En outre, depuis 2019, toutes les valeurs mesurées de NO2 respectent la valeur limite imposée par l’Europe (40 µg/m³).
La situation aujourd’hui en 2021
Grâce à l’enthousiasme de 3 000 CurieuzenAirs, nous avons obtenu pour la première fois un aperçu de la qualité de l’air dans toute la ville. Cela permet de savoir combien de personnes sont exposées à une qualité d’air particulière.
Par exemple, à 1,4 % des emplacements de mesure, une valeur supérieure à 40 µg/m³ a été mesurée. Cela signifie qu’aujourd’hui, environ 16 714 Bruxellois vivent ou travaillent dans un endroit qui ne respecte pas la réglementation européenne en matière de qualité de l’air. En outre, environ 184 215 Bruxellois, soit 15,1% de la population de Curiosité, sont exposés à des concentrations élevées de NO2 (30 – 40 µg/m³).
À 1,61 % des points de mesure, correspondant à 19 642 habitants de Bruxelles, la concentration de NO2 était conforme aux directives de l’Organisation mondiale de la santé (< 10 µg/m³). 301 698 Bruxellois (24,7%) vivent et travaillent dans un endroit où la concentration de NO2 est faible, entre 10 et 20 µg/m³.
Vous souhaitez en savoir plus sur la qualité de l’air à Bruxelles et en Europe ?
Sur le site de Bruxelles Environnement, vous pouvez suivre les mesures des stations de mesure continue à Bruxelles. Pour un aperçu de la qualité de l’air au niveau européen, visitez le site web de l’Agence européenne pour l’environnement. Vous y trouverez une carte interactive avec un score de qualité de l’air pour différentes villes européennes.
La qualité de l’air à Bruxelles n’est pas la même partout
La qualité de l’air que vous respirez dans une ville varie fortement d’un endroit à l’autre. Dans les rues où le trafic est important, les émissions de NO2 provenant des gaz d’échappement sont plus importantes que dans les rues sans voitures. Une rue est-elle entourée de bâtiments hauts et continus ? Il y a alors de fortes chances que les polluants persistent plus longtemps, faisant grimper les concentrations en flèche. Ces rues sont appelées “canyons de rue”. Dans un parc ou une zone à faible trafic, il n’y a pas de circulation et donc pas d’émissions de NO2. Les concentrations peuvent y être considérablement plus faibles.
CurieuzenAir a maintenant cartographié ces différences en détail pour la première fois pour l’ensemble de la région de Bruxelles-Capitale. La concentration la plus élevée (60 µg m-3) était jusqu’à dix fois supérieure à la concentration la plus faible (6 µg m-3). Cela montre que la qualité de l’air varie fortement d’un endroit à l’autre.
La qualité de l’air à Bruxelles n’est pas toujours la même
La qualité de l’air peut varier d’heure en heure, de jour en jour et de mois en mois. Les conditions météorologiques jouent un rôle crucial à cet égard : le temps a un effet majeur sur la propagation de la pollution atmosphérique. Le vent, par exemple, va disperser et diluer la pollution. La pluie peut chasser les polluants de l’air, de sorte que l’air est souvent plus sain après une bonne douche qu’avant. En revanche, les jours sans vent, la pollution atmosphérique peut facilement s’accumuler.
Outre l’effet direct de la météo, il existe également un effet indirect. Les jours de froid, il y aura plus d’émissions de polluants parce que les bâtiments seront davantage chauffés et que les gens prendront plus rapidement la voiture. Les jours chauds et ensoleillés, le risque de formation de smog estival est plus élevé. Lorsqu’il y a beaucoup de soleil, divers polluants, dont le NO2, réagissent pour former diverses substances nocives comme l’ozone.
Le NO2 que nous recueillons avec CurieuzenAir dans les tubes de mesure peut provenir de différentes sources. Bruxelles Environnement a enquêté sur l’origine des émissions de NO2 à Bruxelles.
Les émissions de NO2 dues aux activités humaines : 44%
44% du NO2 en région bruxelloise est lié aux émissions des activités humaines. La voiture se distingue comme la principale source de NO2. En 2019, plus de 60 % du NO2 émis à Bruxelles provenait du trafic routier. D’autres sources importantes de NO2 sont le chauffage des habitations et des entreprises et la production d’énergie. Afin de continuer à améliorer la qualité de l’air, des normes d’émission plus strictes et un renouvellement du parc automobile sont mis en œuvre. Le passage du diesel à l’essence et aux voitures électriques permet de réduire les émissions de particules et de NO2 par kilomètre parcouru. Une analyse détaillée du parc automobile bruxellois est disponible sur le site de Bruxelles Environnement.
Le NO2 dans l’atmosphère : 11%
Le NO2 est également présent naturellement dans l’air. Ce NO2 naturel est formé par les feux de forêt ou les éclairs. La quantité de NO2 naturel dans l’atmosphère est appelée pollution de fond naturelle. Cette valeur ne peut être mesurée que dans des endroits non affectés par les activités humaines et est égale à la plus faible quantité possible de NO2 dans l’air libre. À Bruxelles, cette valeur représente environ 11 % de la moyenne annuelle de NO2. Afin d’avoir une meilleure idée de la pollution de fond à Bruxelles, nous avons installé quelques tubes de mesure loin des grands axes routiers, comme dans la forêt de Soignes et au Domaine royal de Laeken. Sur la base de CurieuzenAir, nous savons maintenant que la concentration de fond à Bruxelles est d’environ 8-10 µg/m³.
Le NO2 importé : 45%
Une ville n’est pas une entité hermétiquement fermée. Le vent souffle à travers les frontières (régionales), échangeant le NO2 et d’autres polluants. La qualité de l’air dépend dans une large mesure de la direction du vent. Par exemple, l’air soufflant de l’océan est souvent moins pollué que l’air continental. À Bruxelles, le vent vient souvent du sud-ouest. Il contient un mélange d’air marin plus pur et d’air terrestre plus pollué. L’échange d’air permet “d’importer” ou “d’exporter” des substances vers ou depuis Bruxelles. A Bruxelles, environ 45% des NO2 mesurés proviennent d’une activité située en dehors de la région bruxelloise.
Chaque participant souhaite recevoir de bons résultats de mesure. Il est vrai, que savoir que l’air de votre rue est bon est un grand confort. Mais un bon résultat de mesure signifie-t-il vraiment que vous respirez toujours un air sain ? Et un mauvais résultat de mesure est-il immédiatement une raison de paniquer ?
Non, la réalité est légèrement plus complexe. Nous ne passons qu’une partie de notre temps à la maison. Les autres endroits où vous passez du temps pendant la journée déterminent aussi en partie votre exposition personnelle au dioxyde d’azote, également appelé NO2. Votre exposition quotidienne totale au NO2 est la somme de l’air que vous respirez à la maison, sur le chemin du travail, lorsque vous êtes assis à l’école ou lorsque vous faites du sport.
La qualité de l’air dans tous ces différents endroits détermine votre exposition totale. En général, 1/3 de l’exposition a lieu à la maison, 1/3 sur le chemin du travail et 1/3 à l’école ou au travail. Ainsi, une personne peut vivre dans une rue où la qualité de l’air est mauvaise, mais choisir de se rendre à l’école à vélo tous les jours en empruntant des routes vertes et tranquilles. Une autre personne peut vivre dans une rue où la qualité de l’air est bonne, mais faire son jogging tous les jours le long d’une route très fréquentée où les concentrations de NO2 sont élevées.
Quelle est la différence entre les émissions, la concentration et l’exposition ?
Ces termes sont utilisés lorsque les scientifiques parlent de polluants, mais que signifient-ils réellement ?
- Les émissions sont la quantité directe, par exemple, de NO2 émis dans l’environnement par les sources. Par exemple, vous pouvez examiner la quantité de NO2 qu’une voiture d’un particulier émet.
- La concentration est la quantité exacte d’une certaine substance présente dans un lieu. Dans un endroit donné, une substance aura une certaine concentration.
- L’exposition est la quantité d’un polluant dans l’environnement personnel et immédiat d’une personne.
En octobre 2021, nous avons dressé une carte de la concentration de NO2 à l’aide de 3000 points de mesure dans la Région de Bruxelles-Capitale. Nous nous sommes concentré sur le NO2 car il s’agit d’un indicateur clé de la pollution atmosphérique due au trafic, dont les concentrations élevées peuvent avoir de graves conséquences sur notre santé. De plus, le NO2 peut être mesuré avec un système de mesure fiable, simple et utilisable à grande échelle : les tubes de mesure de CurieuzenAir. Ainsi, deux tubes de mesure ont été fixés sur un panneau, sans aucune autre manipulation ou installation.
Mais la qualité de l’air ne se résume pas qu’au NO2. D’autres types de pollution atmosphérique sont également importants, comme les particules fines (les poussières libérées lors de la combustion du bois dans les poêles) ou le CO2 (un gaz à effet de serre).
Les particules fines : des poussières microscopiques dans l’air
Les particules fines est le terme générique pour toutes les petites particules en suspension dans l’air. En science on parle de particule matter, PM en abrégé. Les particules sont divisées en groupes en fonction de leur taille. Ainsi, les PM10 comprennent toutes les particules inférieures à 10 µm et les PM2,5 toutes les particules inférieures à 2,5 µm. Plus la particule est petite, plus elle peut rester longtemps dans l’atmosphère, plus elle peut s’éloigner de sa source et plus elle peut pénétrer profondément dans nos voies respiratoires. Les plus grosses particules sont plus rapidement déposées par la gravité ou emportées dans l’air par la pluie.
La nature produit des poussières fines telles que le sel marin et le pollen. Néanmoins, l’homme est le principal responsable d’une grande partie des émissions de poussières fines. La source la plus connue d’émissions de particules domestiques est probablement le chauffage des habitations à l’aide de poêles à bois. Mettre du bois dans son poêle pendant trois heures à la maison libère plus de poussières fines dans l’air que lorsqu’un poids lourd roule de Bruxelles à Paris. Pourtant, la circulation est aussi une source de particules fines. Dans une voiture, les particules sont libérées lors de la combustion dans le moteur, et le frottement entre les pneus et la route provoque l’émission de particules. En Région bruxelloise, le chauffage des habitations et des entreprises est responsable de plus de la moitié des émissions de particules.
Vous voulez en savoir plus sur les particules fines dans votre quartier ? D’autres projets scientifiques citoyens, tels que Luchtpijp (en néerlandais), vous offrent la possibilité de bricoler votre propre capteur à PM. Ce capteur mesure en permanence la quantité de particules dans l’air et envoie ces données en direct sur le site web.
Le CO2 : le gaz à effet de serre le plus connu
Le dioxyde de carbone ou CO2 est probablement l’un des types de polluants atmosphériques les plus connus en raison de son rôle dans l’effet de serre et le changement climatique qui en découle. Le CO2 est libéré lors de la combustion de combustibles biologiques (comme le bois) ou fossiles (comme l’essence, le diesel, le mazout ou le gaz naturel).
Le CO2 est naturellement présent dans l’atmosphère en tant que gaz à effet de serre. Il retient la chaleur et contribue ainsi à maintenir à l’équilibre la température de notre planète. Cependant, les activités humaines apportent des gaz à effet de serre supplémentaires dans l’atmosphère, ce qui augmente la concentration de ces gaz. Cela renforce le gaz à effet de serre naturel et réchauffe encore plus la terre.
Le CO2 ne doit donc pas être confondu avec le NO2. Les émissions de ces deux gaz doivent être réduites, mais c’est seulement le NO2 qui a un effet direct évident sur la santé en cas d’exposition. Avec le CO2, les effets sur la santé sont indirects et proviennent du réchauffement de la planète.